OTAGAKI Rengetsu
Céramique japonaise
"Les rames battent au rythme
De la chanson du pêcheur
Chantée d'un cœur léger
La lune flottant haut
Au-dessus de son bateau de pêche"
(Poème calligraphié sur la bouteille)
Ôtagaki Rengetsu (10 février 1791 – 10 décembre 1875) est une nonne bouddhiste généralement considérée comme une des plus importantes poétesse japonaises du 19e siècle. Elle est également une excellente potière, une peintre et une calligraphe experte.
Née dans une famille de samouraï du nom de Tôdô, elle est adoptée à un jeune âge par la famille Ôtagaki. Elle est dame de compagnie au château de Kameoka de 7 à 16 ans, âge où elle se marie. Quand son mari meurt en 1823, elle rejoint le temple de Chion-in et se fait nonne, prenant le nom bouddhiste de Rengetsu (« Lotus-Lune »).
Elle reste presque dix ans au temple, puis vit dans d'autres temples pendant trois décennies jusqu'en 1865, où elle s'installe au temple de Jinkô-in où elle terminera sa vie.
Bien que surtout connue pour sa poésie waka, Rengetsu est aussi danseuse, couturière, pratiquante des arts martiaux et officiante accomplie de la cérémonie du thé.
Le rythme de vie de Rengetsu se ralentit vers sa 75ème année. Les longues années d'errance, de déménagements et de dérive ont pris fin dans le petit village de Nishigamo.
En 1865, à l'invitation de son ami Wada Gozan, elle réside dans une humble hutte sur les terres du temple jinkô-In, où Gozan est abbé. Comme le Jinkô-In est un endroit éloigné de tout, calme, incitant à la poésie, les années suivantes sont de loin les plus productives pour Rengetsu.
Lorsque l'on regarde la délicate bouteille à saké présentée ici, il est facile d'imaginer Rengetsu et Gozan buvant gaiement le saké ensemble. Mais quand elle a façonné cette bouteille de saké à l'âge de 82 ans, son bien-aimé Gozan était déjà décédé.
Et il se pourrait bien que, façonnant un morceau d'argile pour en faire une bouteille à saké, ce geste ait induit le joyeux souvenir des jours depuis longtemps disparus.
"Rengetsu's sake wares are adorned with her poems inscribed in her exquisite calligraphy, resonating playfully with the mood of sake drinking." (Meher McArthur, The Sake Wares of Otagaki Rengetsu, Black Robe White Mist, p. 77.)
Anecdote :
Bien que Rengetsu ait été habituellement heureuse de calligraphier pour ses visiteurs, elle refusa exceptionnellement lorsqu’elle reçut la visite particulière d’un fonctionnaire de haut rang, lui demandant qu'elle brosse plusieurs tanzaku (fines cartes comportant une poésie) pour lui. Rengetsu ne se souciant pas de son attitude hautaine, refusa tout net. Puis le fonctionnaire lui ayant offert une somme d'argent substantielle, elle refusa une fois de plus en ajoutant : « dans notre monde, il est impossible d'acheter la culture ». En d'autres termes, le raffinement est quelque chose qui s’acquiert lentement, et non pas quelque chose qui accompagne automatiquement une haute fonction. Malgré ses relations, le fonctionnaire dû rentrer chez lui les mains vides.
Au début de son travail de potier, il n'y avait pas de prix fixé pour ses réalisations. Les gens qui bénéficiaient de sa poterie donnaient ce qu'ils pouvaient. Un jour, un client fortuné laissa une somme d'argent importante bien rangée dans une enveloppe. (Au Japon, l'argent est présenté dans une enveloppe à ouvrir ultérieurement).
Quand Rengetsu découvrit l’importance de la somme, elle fut perturbée. Si les clients réguliers découvraient que sa poterie était évaluée à un prix si élevé, ils se sentiraient obligés d'offrir plus d'argent, le prix du marché augmenterait, et son travail ne serait plus accessible à tout un chacun.
Par la suite, et pour cette raison, Rengetsu établit un prix fixe pour toutes ses poteries, quel que soit le client.
- WIKIPEDIA
- Takeuchi, Melinda (1985). "Ôtagaki Rengetsu." Kodansha Encyclopedia of Japan. Tokyo: Kodansha Ltd.
- The Rengetsu Circle ( http://rengetsucircle.com/ )
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