HANAMI
Hanami est un mot japonais désignant une pratique typiquement japonaise, la contemplation des fleurs, et plus spécifiquement la contemplation des cerisiers en fleur.
La pratique du Hanami est très ancienne, ce qui explique aussi sans doute en partie l'attachement des japonais à cette coutume.
On suppose qu'elle a été importée de Chine durant la période Nara, aux alentours du VIIIème siècle. A l'époque, les japonais avaient prit l'habitude de contempler les fleurs de prunier(ume), les premières fleurs de l'année. Puis, rapidement, ce furent les fleurs de cerisier, les fameuses Sakura, qui furent particulièrement appréciées. La principale raison en était la croyance que des dieux habitaient dans les arbres. Or, la venue des fleurs de cerisiers précède de très peu la saison de plantation du riz et en rendant hommage à la floraison des cerisiers, les japonais pensaient pouvoir d'attirer la bonne grâce des dieux de la végétation, et s'assurer ainsi une semence prospère en faisant des offrandes aux pieds des sakura. Ensuite, ils participaient à l’offrande en buvant du saké.
Le fait que les fleurs de Sakura soient particulièrement éphémères ne faisait qu'ajouter à la ferveur des admirateurs de Sakura.
Depuis cette époque, dans le tanka et le haïku, le mot fleur est très fortement lié au sakura.
L'empereur Saga, 52ème empereur du Japon, qui a donné son nom à la région de Sagano et qui vécut à la période Heian, a adapté cette coutume et en a fait une fête de la « contemplation des fleurs » avec du saké et des mets, sous les branches des cerisiers en fleur situés à la cour impériale de Ky?to.
Des poésies étaient écrites, louant les fleurs sensibles, vues comme une métaphore de la vie elle-même, lumineuse et belle, mais passagère et éphémère. Ceci serait le début de la coutume des hanami.
La coutume a été à l’origine limitée à l’élite de la cour impériale, mais s'est rapidement répandue à la société des samouraïs et à partir de la période Edo aux gens du peuple. Sous les arbres de sakura, ils prenaient un repas et buvaient le saké dans l’allégresse.
A cette époque, c'était une des rares occasions pour les gens du peuple de se rassembler et de parler librement sans suivre les règles rigides imposées par les shoguns.
L'Hanami consiste donc depuis cette époque à se réunir entre amis, collègues de travail ou en famille sous les cerisiers en fleur afin de manger et de boire du saké. La tradition est née à Kyoto, capitale impériale et du raffinement. Au départ, seuls les nobles, la cour impériale puis les samouraïs célébraient l'Hanami. Mais rapidement, cette coutume s'est popularisée. Et son succès ne s'est jamais démenti.
De nos jours, l'Hanami est un moment-clef de la vie collective japonaise. Du fait de l'irrégularité de la période de floraison des cerisiers et de la brièveté de cet évènement, il n'y a pas de date précise pour fêter l'Hanami. Les premières fleurs de cerisier, les plus recherchées, éclosent généralement durant la deuxième quinzaine du mois de mars. Les technologies modernes permettent depuis quelques années aux japonais de se tenir informés avec précision de la venue des premières fleurs de cerisier.
Tout comme il existe des bulletins météorologiques pour la pluie et le beau temps, ou la météo des neiges, il existe au Japon une météo de la floraison des cerisiers, qui tente de prédire la venue des premières fleurs. Celles-ci éclosent en premier dans les îles méridionales du pays avant de remonter suivant un gradient ouest/est et sud/nord. Il existe ainsi un front d'éclosion de Sakura, qui met environ un mois à parcourir le pays.
Les japonais ainsi informés se réunissent alors de façon préférentielle dans les jardins publics, y installent leurs traditionnelles nappes bleues, et se retrouvent pour pique-niquer, chanter, manger et boire du saké.
Un film très populaire, Ôkami, nous parle du réveil de la déesse Soleil Amaterasu par Okayu la déesse des fleurs. En fait, il n'y a pas à proprement parler d'Hanami dans Okami, au sens populaire du terme. Néanmoins, le jeu tout entier est en réalité un Hanami, une contemplation des cerisiers en fleur. Les moments les plus spectaculaires du jeu sont sans doute ceux où Amaterasu fait refleurir les arbres. La nature se réveille alors littéralement et les couleurs explosent à l'écran, sous un déluge de pétales de Sakura.
Aujourd’hui Hanami est toujours aussi prisée. Son succès au Japon et ailleurs est due à la beauté de l’éclosion de toutes ces fleurs de cerisiers, que les nippons suivent un peu partout grâce à la « Sakura Senzen », le front des cerisiers.
La fleur de cerisier est la fleur la plus appréciée par les Japonais.
De fin mars à fin avril tout le monde surveille l'éclosion des premières fleurs de cerisier, annonciatrices de l'arrivée du printemps. A cette occasion, on se rassemble sous les cerisiers en fleurs pour faire la fête entre amis.
Chaque année ce sont les cerisiers de l'île d'Okinawa qui ouvre le bal de la de floraison des cerisiers; les derniers cerisiers à fleurir sont ceux d'Hokkaïdô, au nord de l'archipel.
Hanami est un moment privilégié, que l’on partage lors de pic niques en famille ou entre amis. On distingue alors deux moments clefs :
L’apparition des premières fleurs : « kaika »
Le pic de floraison : « mankai »
Comme dit plus haut, il existe aussi une forme de hanami concernant le prunier du Japon (ume), précédent celui des cerisiers du Japon, ainsi que du pêcher, succédant aux cerisiers. Si les cerisiers du Japon sont plus populaires pour les hanami, particulièrement chez les jeunes (il s'agit d'un prétexte pour boire de l'alcool entre amis), les personnes plus âgées préfèrent l'atmosphère des hanami de l'ume.
Haïku de Buson :
Le printemps qui s'éloigne
hésite
parmi les derniers cerisiers
Actuellement
De nos jours, la coutume existe toujours. Durant la période de floraison des cerisiers, les Japonais partent pique-niquer en famille ou entre amis sous ces arbres.
Les moments les plus appréciés sont l’apparition des premières fleurs (kaika) que guettent les photographes et la période de pic de floraison (mankai).
Durant les émissions de météo à la télévision, mais aussi sur Internet et sur téléphone mobile, la progression de l'éclosion est représentée. Cette ligne de front (sakurazensen) permet de connaître le moment où les cerisiers éclosent. Elle part d'Okinawa (au sud) et remonte jusqu'à Hokkaido en l’espace d'un mois.
À Kyôto, dans la région de Sagano, on peut voir plusieurs centaines de sakura à Arashiyama et plusieurs milliers de Japonais s'adonnant aux hanami. À Tokyo, les parcs d'Ueno et de Shinjuku sont des lieux prisés, les jardins Hama-rikyu et Koishikawa koraku étant également fameux.
Le début d'une nouvelle de l'écrivain Motojiro Kajii est devenu proverbial à propos du hanami : « Sous les cerisiers sont enterrés des cadavres ! » (1927)
Manger et boire
La nourriture fait évidemment partie des réjouissances du jour.
De nombreux obento (boîtes pique-nique) sont prévus dont les contenus sont aussi variés en couleurs qu’en délices de toutes sortes : poissons, légumes plus savoureux les uns que les autres, viandes (de très petites quantités de canard, porc ou autre boeuf de Kobé), fruits divers, etc…
Les gâteaux sont évidemment de la partie comme les sakura mochi (gâteau de riz enroulé dans une feuille de cerisier ayant macéré dans le saumure), les sakura dango (gâteau de riz gluant et sucré.dont les boules sont piquées sur une brochette) et autres douceurs plus appétissantes les unes que les autres.
Le saké est également le grand invité à cette sakura –party et coulera à flots des heures durant. Quant au thé, bu également par litres, ce sera un thé léger comme de l’hojicha ou du bancha.
Tout le monde rentrera fatigué mais très heureux de cette journée.
Sources
Nipponya – revue d’information culturelle publiée par le MOFA (Ministère des Affaires Etrangères du Japon
Les Cahiers du Japon – Revue de l’Ambassade du Japon en Belgique
Wikipedia
Chanoyu Quarterly – Revue trim. Ecole URASENKE (Kyoto)